Chevaliers des Ténèbres

L’Ordre Souverain Militaire des Chevaliers de Malte
Par Françoise Hervet - Publié le 26 déc. 1985 dans Covert Action Information Bulletin n°25


Depuis neuf cents ans, les Chevaliers de Malte ont conçu une organisation de renseignement et de défense militaire destinée à protéger l’ordre établi et les privilèges des classes dirigeantes dans le monde entier, mais la plupart des gens ne connaissent pas leur existence. On sait peu de choses de leur rôle dans le Troisième Reich ou, avec le Vatican et la CIA, dans la protection des nazis après la guerre, ou encore dans les guerres en Amérique centrale. L’article de ce numéro entame ce qui doit être une analyse longue et complexe de cette organisation et d’autres organisations semblables.

Introduction

L’Ordre Souverain Militaire et Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem de Rhodes et de Malte, connu aussi sous le nom d’Ordre Souverain Militaire de Malte, ou l’OSMCM, est juridiquement, politiquement et historiquement unique dans le monde actuel. Représentant d’abord les segments les plus puissants et réactionnaires de l’aristocratie européenne, depuis près de mille ans, depuis les premières croisades du XIIe siècle, il organise, finance et dirige des opérations militaires contre les États et les idées qui menacent son pouvoir. On peut sans doute dire que les quelques milliers de Chevaliers de l’OSMCM, principalement en Europe, ainsi qu’au Nord, au Centre et au Sud des Amériques, constituent la cabale la plus large, puissante et réactionnaire du monde contemporain.

Bien qu’elle soit une organisation exclusivement catholique, elle a collaboré au cours du XXième siècle avec des extrémistes non catholiques et leur a décerné de hautes récompenses dans sa croisade actuelle contre les forces progressistes en Occident, les mouvements de libération nationale et les pays socialistes.

Pour être Chevalier, il ne faut pas seulement être issu d’une lignée riche et aristocratique, il faut aussi avoir une vision psychologique du monde centrée sur la “mentalité croisée” de ces “moines guerriers”. Pour participer à l’OSMCM - y compris ses cérémonies d’initiation et sa tenue rituelle féodale - les membres adoptent une certaine mentalité de caste/classe ; ils sont sociologiquement et psychologiquement prédisposés à fonctionner comme les “troupes de choc” de la réaction catholique. Et c’est précisément le rôle historique que les Chevaliers ont joué dans les guerres contre l’Islam, contre “l’hérésie” protestante et contre “l’Empire du Mal” soviétique.

La droite catholique et les Chevaliers de Malte, en particulier le baron Franz von Papen (voir encadré), ont joué un rôle crucial dans l’arrivée au pouvoir d’Hitler et le lancement de la croisade du XXe siècle du IIIe Reich.

L’influence de l’OSMCM en Allemagne a survécu intacte à la Seconde Guerre mondiale. Le 17 novembre 1948, l’OSMCM décernait l’une de ses plus hautes distinctions, la Grande Croix du Mérite, à Reinhard Gehlen, le chef des services de renseignements nazis sur le front soviétique. Il fut par la suite installé par les Américains comme le premier chef du Bundesnachtrichtdienst (BND : les services secrets fédéraux), l’équivalent de la CIA en Allemagne de l’Ouest, sous les ordres du chancelier Adenauer, un catholique dévot qui avait reçu personnellement la Grande Croix Magistrale du Grand Maître de l’OSMCM, le Prince Chigi.

Après la nomination du Chevalier de Malte William Casey à la tête de la Central Intelligence Agency, et d’un autre Chevalier, James Buckley, à la tête de la propagande américaine contre l’Europe de l’Est à Radio Free Europe/Radio Liberty, plusieurs historiens ont noté avec intérêt l’appel du président Reagan durant l’été 1982 pour une “croisade” contre “l’empire du mal” en Europe de l’Est.

En plus de Casey, et James Buckley, ses membres actuels, ou Chevaliers (selon la mode féodale), comprennent Lee Iacocca, John McCone, William Buckley, Alexander Haig, Alexandre de Marenches (le chef du renseignement français sous Giscard d’Estaing, lui-même chevalier de l’OSMCM), Otto von Hapsburg et plusieurs dirigeants de la loge maçonnique fasciste P-2 en Italie. Bien que son financement organisationnel soit relativement modeste, son effet de levier est maximisé par la présence de ses Chevaliers à des postes clés dans d’autres structures privées et gouvernementales partout dans le monde.

Le président de l’American Eastern Association de l’OSMCM est J. Peter Grace, président de la W.R. Grace Company, qui a joué un rôle clé dans l’opération Paperclip, qui a amené des scientifiques nazis aux États-Unis [1].

Franz von Papen
L’une des figures de proue de l’arrivée au pouvoir d’Hitler était Franz von Papen de l’OSMCM, surnommé “le diable en haut-de-forme”. Fervent aristocrate catholique issu d’une vieille famille de noblesse westphalienne, ancien attaché militaire et espion contre les États-Unis en 1915, von Papen devient chancelier en mai 1932, avec le soutien des Nazis. En juin, il a ordonné la dissolution du Reichstag, appelant à de nouvelles élections en juillet, au cours desquelles les nazis sont devenus le plus grand parti du nouveau Reichstag. Après une réunion avec Hitler, von Papen persuada le président von Hindenberg d’offrir à Hitler la chancellerie, qu’il assuma le 30 janvier 1933. Von Papen est devenu son vice-chancelier.

En avril 1933, von Papen a été élevé au rang de chevalier Grand-Croix Magistrale de l’OSMCM. Après le meurtre du chancelier autrichien Dolfuss à Vienne en juillet 1934, von Papen devint l’ambassadeur d’Hitler en Autriche, et, en mars 1938, se tenait aux côtés du Führer pour son entrée triomphale à Vienne. De 1939 à août 1944, il fut l’ambassadeur nazi en Turquie, et au procès de Nuremberg, il a été accusé de complot en vue de mener une guerre d’agression. Il était l’un des nombreux dirigeants nazis a être acquitté et a par la suite reçu une généreuse pension du premier chancelier de l’après-guerre, Konrad Adenauer.

La diplomatie souveraine de l’OSMCM

Comme son nom l’indique, l’OSMCM est à la fois une organisation “souveraine” et, historiquement, une organisation “militaire”. Son siège, situé au 68, Via Condotti, à Rome, dans un immeuble carré, jouit du statut juridique extraterritorial accordé à une ambassade d’un État souverain. La police italienne n’est pas la bienvenue sur son territoire, elle émet ses propres timbres, entretient des relations diplomatiques officielles et échange des ambassadeurs avec un certain nombre de pays. Le 13 novembre 1951, le président italien Alcide de Gasperi a reconnu la souveraineté diplomatique de la l’OSMCM, bien qu’il ait empêché l’échange formel d’envoyés diplomatiques [2]. Le 11 janvier 1983, le New York Daily News annonçait :

“Le Vatican et l’ordre des Chevaliers de Malte, considéré comme le plus petit état souverain du monde, ont convenu d’établir des relations diplomatiques complètes, tel qu’annoncé aujourd’hui dans une déclaration commune.”

L’ambassadeur du président Reagan au Vatican, William Wilson, est, par pure coïncidence, un chevalier de Malte [3].

Le 5 septembre 1984, le ministre français des Affaires étrangères, Claude Cheysson, a signé un protocole officiel avec l’OSMCM pour divers projets de coopération, dont “l’aide aux victimes des conflits” [4]. (Voir ci-dessous sur “Americares”).

Antécédents historiques

Déjà en existence au moment de la première Croisade en 1099, en 1113, l’Ordre de Saint-Jean a reçu son indépendance du Pape Pascal II, autorisé à élire son propre Grand Maître, et bientôt l’Ordre a commencé la participation militaire dans les Croisades avec les Chevaliers du Temple et les Chevaliers Teutoniques. L’Ordre de Saint-Jean recruta avec succès parmi l’aristocratie européenne et contrôla rapidement de vastes domaines sur tout le continent, assimilant ceux qui appartenaient auparavant aux Templiers qu’il avait aidé à écraser durant les deux premières décennies du XIVe siècle, tous les membres de la hiérarchie des Templiers finissant brûlés vifs comme des hérétiques.

Peter Grace et le “Projet Paperclip”
Le 16 janvier 1980, ABC-TV a diffusé une émission spéciale “News Closeup”, “Escape from Justice : Nazi War Criminals in America” qui discutait du rôle de Grace dans le Projet Paperclip. La transcription du programme, disponible sur demande auprès de ABC, indique : “Le Project Paperclip … de la fin de la Seconde Guerre mondiale au milieu des années 1950 a amené plus de 900 scientifiques allemands aux États-Unis… . Otto Ambros . …] était chimiste et directeur de la célèbre I.G. Farben Company qui fournissait de l’essence et du caoutchouc pour l’effort de guerre d’Hitler. Ambros … a joué un rôle de supervision dans la construction de l’usine de Farben dans le village polonais d’Auschwitz. Pour I.G. Farben, les détenus du camps de concentration d’Auschwitz constituaient une source abondante de main-d’œuvre bon marché… L’accusation à Nuremberg a estimé que chaque jour, à l’usine de Farben, cent personnes mouraient d’épuisement…

Otto Ambros a été reconnu coupable d’esclavage et de meurtre de masse et condamné à huit ans de prison. Mais même pendant son procès à Nuremberg, Ambros était une cible pour les recruteurs américains du Project Paperclip. Sa peine de prison a été commuée après seulement trois ans par des fonctionnaires américains et il a été aidé dans une tentative d’entrer aux États-Unis par … J. Peter Grace, président de W. R. Grace Co, une importante société chimique américaine… Un document interne du département d’État décrit comment J. Peter Grace a aidé Otto Ambros dans ses efforts pour entrer aux États-Unis. Dans un mémorandum à l’ambassadeur des États-Unis en Allemagne, Grace reconnaît qu’Ambros était un criminel de guerre. Mais il ajoute que depuis qu’il connaît Ambros… “Nous avons développé une profonde admiration, non seulement pour ses capacités, mais aussi et surtout pour sa capacité en termes de véracité et d’intégrité.”

Aujourd’hui Otto Ambros travaille comme consultant pour W. R. Grace Company et vit ici à Mannheim, en Allemagne. Dans une récente interview téléphonique, Ambros [a dit] “Je suis heureux de travailler encore comme chimiste… mais c’est drôle. Maintenant, j’aide les Américains.”

En juin 1981, en grande partie en réponse aux efforts de Charles Allen, chercheur bien connu sur les crimes de guerre, l’Université Yeshiva a annulé un dîner à 150 $ l’assiette qu’elle avait organisé pour honorer Grace. (Voir aussi Joe Conason et Martin A. Rosenblatt, “L’état de grâce de l’entreprise”, Village Voice, 12 avril 1983.)

Quand le scandale a éclaté en Allemagne de l’Ouest sur la société Flick payant d’énormes sommes d’argent à divers politiciens et partis, il a été constaté que Flick avait en outre utilisé des exemptions fiscales inappropriées et utilisé cet argent pour verser des millions de dollars à W. R. Grace Co, pour devenir un actionnaire important. Friedrich Karl Flick lui-même siège au conseil d’administration de Grace. Comme le New Times de Moscou le rappelait à ses lecteurs (n° 8 1983, citant Der Spiegel), le père de Friedrich Karl, Flick Sr., avait versé de l’argent dans les caisses du parti nazi en janvier 1933, et “après que Goering eut promis aux magnats de la Ruhr que les élections du 5 mars seraient les dernières élections dans cette décennie et peut-être dans ce siècle,” il a versé encore 200 000 marks ; cette somme fut remise au Reichführer SS Himmler. Flick Sr. a par la suite été condamné à sept ans de prison à Nuremberg pour esclavagisme, spoliation et de s’être rendu complice des crimes des SS. Pour assurer un bon départ à son fils, le criminel de guerre l’a envoyé après la guerre pour être formé chez W. R. Grace Co.

Plaque du siège de l'OSMCM
La plaque du siège de l’OSMCM proclame le statut souverain de l’immeuble ; l’OSMCM a été appelée “le plus petit pays du monde”, mais entretient des relations diplomatiques avec plus de 40 pays.


En 1187, l’Ordre fut chassé militairement de Jérusalem par Saladin. Les Chevaliers furent contraints de fuir successivement vers Acre, Chypre (1291), et finalement Rhodes (1310) où ils soumirent la population locale et établirent une dictature militaire jouissant pour la première fois de la souveraineté territoriale. En 1522, ils furent vaincus par les forces du sultan Suleiman, qui comptaient 200 000 soldats et 250 navires après un siège de six mois. En 1530, sous les ordres du Grand Maître Villiers de l’Isle-Adam, les chevaliers établirent leur quartier général sur l’île de Malte, qui leur avait été donné par Charles Quint.

Martin Luther naquit en 1483, l’année même où Torquemada déclencha la fureur de l’Inquisition, et tandis que les chevaliers faisaient la guerre aux hérésies étrangères, ils furent bientôt confrontés au défi de la Réforme libéralisante lancé à l’orthodoxie catholique.

En Angleterre, l’affirmation par Henry VIII d’une politique nationale indépendante a été compliquée par son mariage avec Katherine qui était la tante de l’empereur Charles Quint, patron de l’État. Chevaliers de Malte qui, en Angleterre, étaient un bastion militant de la loyauté papale. En 1534, le pape Clément VII avait excommunié le roi et deux ans plus tard, le pape Paul III publia une bulle déposant le roi et chargeant l’empereur de son exécution. D’après l’histoire de l’Ordre en Angleterre [5] par King et Luke :

Les plus fervents partisans de la suprématie papale se trouvaient naturellement parmi les ordres religieux, et… les Chevaliers étaient les loyaux serviteurs du Pape, dont les prétentions à la domination universelle avaient été répudiées par le Roi… il était donc impossible pour le Roi de permettre l’existence en Angleterre d’un Ordre si puissant et si fortement organisé, à moins qu’il ne soit prêt à renoncer à sa loyauté envers son ennemi le plus déterminé. Inévitablement, les Chevaliers deviendraient un centre de mécontentement et un point de ralliement pour tous les membres des forces de réaction…

En juillet 1539, après que deux des Chevaliers eurent déjà choisi la couronne de martyr, le Roi écrivit des lettres au Grand Maître qui constituait pratiquement un ultimatum, exigeant que l la suprématie pontificale devrait cesser d’être reconnue par l’Ordre en Angleterre… Mais il était impossible d’accepter les conditions du roi. En avril 1540 … Le Parlement a adopté un acte dissolvant l’Ordre en Angleterre et conférant ses biens à la Couronne… [6]

Pendant ce temps, sur le continent et en Méditerranée, les guerres contre les infidèles de l’Est se poursuivaient. La défense militaire de la chrétienté nécessitant un soutien naval, l’Ordre a créé une puissante flotte et patrouillé les mers de la Méditerranée orientale en menant de nombreuses actions navales.

Les opérations militaires s’étendaient jusqu’en Égypte et en Syrie, et en 1565, sous la direction du Grand Maître Valette, ils résistaient au siège turc de Malte. En 1571, la flotte de l’OSMCM participe à la défaite des Turcs à la bataille navale de Lépante et reste une présence militaire majeure en Méditerranée jusqu’en 1789, année où Napoléon vainquit les chevaliers et occupa l’île. L’Ordre a finalement demandé la protection temporaire de l’empereur russe Paul Ier en 1797 ; en 1834, le pape Léon XIII établit son siège à Rome.

Chevaliers de Malte
Salle d’État du Grand Magistère ; Grand Maître Fra Prince Angelo de Mojana di Cologna, assis, flanqué du Grand Chancelier, à gauche, et de l’Hospitalier, à droite.


L’Association américaine de l’OSMCM

En Europe, l’adhésion à l’OSMCM était traditionnellement limitée à ceux qui pouvaient prouver une pureté requise de sang noble depuis plusieurs générations. Néanmoins, en 1927, en guise de concession à la puissance politique, économique et militaire croissante des États-Unis, l’OSMCM a accepté d’incorporer une association nationale américaine dont les membres n’avaient pas l’obligation de prouver leur pedigrée généalogique. Lorsque l’American Association de l’OSMCM a été créée en 1927, ses membres fondateurs comprenaient Patrick Cardinal Hayes, Edward L. Hearn, Nicholas F. Brady, Howard F. Carry, Patrick E. Crowley, James A. Farrell, James A. Fayne, Edward N. Hurley, James J. Phelan, Morgan J. O’Brien, John J. Raskob et John D. Ryan.

En 1941, le cardinal Francis Spellman est nommé “Grand Protecteur” et “Conseiller spirituel” de l’Ordre, avec John J. Raskob comme trésorier. John Farrell, alors président de U.S.Steel, Joseph P. Grace et John D. Ryan en faisaient partie. En 1934, Raskob, inspiré par la “Croix de Feu” fasciste française et travaillant en étroite collaboration avec John Davis de la Morgan Bank, avait été l’un des principaux financiers du complot visant à organiser un coup d’État fasciste aux États-Unis. Le plan a échoué lorsque le général Smedley Butler, qui avait été chargé de diriger le projet, l’a dénoncé. Joseph J. Larkin figurait également sur la liste de 1941. Selon l’ouvrage de Charles Higham intitulé “Trading With the Enemy” (voir la critique dans ce numéro) :

Joseph J. Larkin… vice-président de la Chase Manhattan Bank en charge des affaires européennes a maintenu la Chase Bank ouverte… dans Paris occupée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale… Il avait reçu l’Ordre de la Grande Croix des Chevaliers de Malte du Pape Pie XI en 1928. Il était un ardent partisan du général Franco et, par extension, d’Hitler. Morgenthau le suspecta pour la première fois comme sympathisant fasciste en octobre 1936… avec l’encouragement de Schacht, Larkin prit le compte Franco et le compte Reichsbank, bien que la Reichsbank soit sous le contrôle personnel d’Hitler… [7]

La connexion américano-italienne

De 1932 à 1938, Myron Charles Taylor a été président du conseil de U.S. Steel. En 1939, il devient l’envoyé des États-Unis auprès du pape Pie XII, poste qu’il occupera jusqu’en 1950. Entre-temps, selon Anthony Cave Brown, chef de l’OSS, William Donovan avait secrètement établi un lien de renseignement avec le Vatican dès 1941, lorsqu’il évacua de Lisbonne à New York avec le père dominicain Felix A. Morlion, qui avait fondé “un anti-Comintern catholique européen” appelé Pro Deo (voir encadré). Tout au long de la guerre, Donovan finança le service Pro Deo de Morlion et, en juin 1944, il ” dépensa des sommes considérables, du temps et des efforts pour transporter Morlion de New York et l’établir au Saint Siège “. [8] Par la suite, Morlion est devenu une figure clé du renseignement du Vatican, travaillant en étroite collaboration avec Giovanni Battista Montini, le futur Paul VI. Selon Frédéric Laurent :

Toutes les études [des réseaux nazis de l’après-guerre] ont montré le rôle déterminant joué par l’Eglise catholique dans la fuite des criminels de guerre. Depuis avril 1943, à la suite de négociations entre Pie XII et l’archevêque américain ultra-réactionnaire Francis Spellman, le Saint-Siège devient le centre clandestin de l’espionnage anglo-américain en Italie. Cette collaboration avait en fait commencé l’année précédente… entre Earl Brennan, un vétéran du Département d’État américain et Gian Battista Montini, à l’époque évêque et sous-secrétaire d’État au Vatican. Cette étroite collaboration entre le futur Paul VI et les services secrets américains se poursuit après la guerre par l’intermédiaire de James Angleton… [9]
Le rôle de Félix A. Morlion
Dans la dernière partie d’avril 1948, le Timpul roumain publia un article, The Vatican Espionage Service, cité dans la revue soviétique New Times, No.31, 1948 ; p. 5, 6.

Comme l’indique l’article : “En 1946, le Pape confia au frère dominicain [Félix A.] Morlion, un Belge, la réorganisation du service de renseignement du Vatican et sa fusion avec le réseau de l’espionnage jésuite. Le service central de renseignement du Vatican est dirigé par Janssens, un général de l’Ordre des Jésuites. Son adjoint est Montini, secrétaire d’État par intérim du Vatican, et ses assistants sont Schmider, directeur administratif du bureau central d’espionnage jésuite, et Morlion, directeur du Centro d’informazione pro Deo. Le service central de renseignement est subdivisé en directions et sections qui s’occupent des différents pays. L’une des branches principales est ce qu’on appelle la ” division spéciale “, qui fonctionne sous l’enseigne du Centro d’informazione pro Deo, l’agence de presse. Des divisions similaires ont été créées dans les unités du Centro d’informazione pro Deo dans toutes les parties du monde. À New York, la ” division spéciale ” est dirigée par le cardinal Spellman, à Innsbruck (Autriche) par Regent, recteur d’un collège jésuite, à Coblence (Allemagne) par le prêtre catholique Poelaert qui est aussi directeur de l’agence de presse catholique. La branche chargée de l’espionnage en Europe de l’Est et du Sud-Est est supervisée par Schmider et Preseren, l’expert en chef des jésuites sur les pays slaves et conseiller du Secrétaire d’État du Vatican.”

En août 1966, Morlion a approché H.L. Hunt pour financer des opérations anticommunistes du Vatican en Amérique latine. Hunt donna une interview au British Guardian Weekly du 27 février 1969 : “J’ai été approché par le Cardinal Paolo Marella, qui m’a dit qu’il parlait au nom du Pape et m’a demandé si je pouvais fournir des membres de mon mouvement [20 000 membres] qui parlaient espagnol pour être envoyés au Sud [en Amérique latine] pour faire des discours et participer aux activités. On m’a dit que le pape pensait à quelque chose comme 11 millions de dollars par an pour soutenir l’ensemble du mouvement contre le communisme dans les pays hispanophones”.
Le projet était maintenant centré à New York, au Bureau des conférenciers d’Asiat, avec la Free Pacific Associationx, Inc. sur Riverside Drive [un autre front pour la Unification Church du Révérend Moon]. L’une des figures clés de cette préoccupation papale face aux menaces de la gauche contre la plus grande place forte du Vatican fut le révérend Félix A. Morlion qui était présent lors des discussions initiales”.
Par la suite, Morlion est apparu comme un personnage clé dans le canular de la “Connection Bulgare” lorsque Agca, le fasciste membre des “Loups Gris” a tenté d’assassiner le Pape : Il semble que Morlion vivait à Rome juste en dessous de l’appartement du bulgare Antonov, et était une source possible de la description par Agca de l’appartement d’Antonov. (Voir Il Mondo, 8 avril 1985 ; L’Espresso, 19 mai 1985).

James Jesus Angleton
James Jesus Angleton


Le Grand Protecteur américain de l’OSMCM étant déjà en contact avec le Vatican et Allen Dulles étant occupé à négocier avec les nazis en Suisse, les Américains entrent à Rome le 4 juin 1944. Le 7 juillet, le général Mark Clark a été fait chevalier Grand-Croix de l’OSMCM. Selon le journaliste britannique Stuart Christie :

25 avril 1945 [trois jours avant la capitulation des forces allemandes en Italie] L’amiral Ellery Stone, proconsul américain en Italie occupée, charge James Angleton de sauver le prince Valerio Borghese d’une possible arrestation par les comités de la Résistance qui l’avaient condamné à mort pour crimes de guerre… Stone est un ami proche de la famille Borghese [10].

Le prince Valerio Borghese avec un officier SS, Italie, 1944
Le prince Valerio Borghese avec un officier SS, Italie, 1944


Borghèse devait être de nouveau entendu à l’occasion du vingt-neuvième anniversaire de l’attaque japonaise contre Pearl Harbor. (Voir ci-dessous)

  • L’envoyé de Truman au Vatican, Myron C. Taylor, reçut la Gran Croci Al Merito Con Placca de l’OSMCM le 23 mai 1945.
  • Le 12 juin 1945, l’amiral Ellery W. Stone reçut le Croci Al Merito Di Prima Classe Con Corona de l’OSMCM.
  • Le 27 décembre 1946, James Angleton reçut la Croci Al Merito Seconda Classe de l’Ordre, le même jour que George Raymond Rocca. Rocca est ensuite devenu chef adjoint de la Division du contre-espionnage de la CIA pour Angleton et a assuré la liaison entre la Commission Warren et la CIA après l’assassinat de Kennedy. (Voir l’encadré.)

Selon des documents déclassifiés du Département d’État américain, en février 1948, en prévision des prochaines élections prévues pour le 18 avril, le Vatican créa des organisations appelées Comités civiques sous la direction de Luigi Gedda, médecin turinois de 45 ans qui était aussi le chef de l’Action catholique de droite. Le 17 mars 1948, Gedda devint Chevalier du Grand Prieuré de Lombardie et de Venise. La liaison avec Gedda se fit par l’intermédiaire d’un Assistant ecclésiastique, Mgr Fiorenzo Angelini, membre de l’Exécutif national des Comités civiques, qui était devenu membre de rang du Prieuré de Rome de l’OSMCM également le 17 mars 1948.” [11] A cette époque, le Grand Prieuré était dirigé par Ferdinand° Thun Hohenstein, Directeur des Cérémonies de l’OSMCM, membre du tout-puissant Souverain Conseil de l’Ordre, composé de cinq membres, et neveu d’un ancien Grand Maître de l’OSMCM.
Le 22 mars 1948, le New York Times rapportait que Gedda avait fait appel aux catholiques américains pour fournir une aide financière aux catholiques italiens dans leur lutte contre le communisme. Le 5 avril, il a été rapporté que “Myron C. Taylor est arrivé de Madrid pour ce que les milieux catholiques ont décrit comme une “mission importante” étroitement liée aux élections générales italiennes”.
Le 13 avril, le journal rapportait que Taylor rencontrerait Pius une fois par semaine et que, d’après les informations reçues récemment, le Pape était “beaucoup plus optimiste” quant au résultat des élections.

Les carrières quadrillées de James Angleton et Roger Pearson
James Jesus Angleton et George Raymond Rocca ont tous deux été forcés de prendre leur retraite en décembre 1974 à la suite des révélations de Seymour Hersh selon lesquelles la Division d’Angleton avait participé à des opérations domestiques illégales, connues sous le nom de “bijoux de famille”.
À l’hiver 1977-1978, Angleton est devenu l’un des deux rédacteurs adjoints du Journal of International Relations sous la direction du rédacteur en chef Roger Pearson. L’autre rédacteur en chef adjoint était le général Robert C. Richardson III ; l’éditeur était John Fisher, président du Conseil de sécurité américain.
Pearson est peut-être le contact néonazi et le propagandiste raciste le plus important aux États-Unis aujourd’hui et a été l’ancien rédacteur en chef du Western Destiny de Willis Carto.
Selon la réplique de janvier 1978, lorsque le Comité exécutif de la Ligue mondiale anticommuniste (WACL) s’est réuni les 10 et 11 décembre 1977 pour planifier sa prochaine conférence à Washington D. C., “le principal orateur était… Le général Robert C. Richardson III qui a prononcé un brillant discours sur le thème de l’équilibre nucléaire USA-URSS… et … M. Roger Pearson [président du conseil d’administration de

Roger Pearson
Roger Pearson


North American Regional WACL et plus tard président et hôte de WACL en 1978] a également fait un brillant exposé. - Replica est le journal de la Confédération anticommuniste latino-américaine (CAL) dont Jack Anderson a révélé qu’il était un contrôleur antisémite des escadrons de la mort néonazis créé par la CIA.
Pearson a été destitué de la tête de la branche américaine de la Ligue anticommuniste mondiale (WACL) après sa conférence de 1978 à Washington, D.C., parce que ses liens avec l’internationale néonazie étaient trop extrêmes, même pour WACL qui comprenait alors des escadrons de la mort, d’anciens nazis et des collaborateurs nazis.
Dans le numéro de juillet 1978 du Mankind Quarterly, le rédacteur en chef et mentor de Pearson, Robert Gayre, annonçait que Pearson prendrait en charge la publication du magazine. Robert Gayre avait reçu la Grand Croix du Mérite de l’OSMCM en 1963, après avoir été éditeur du Mankind Quarterly pendant trois ans. En juin 1979, Pearson est inscrit sur la liste des membres du comité de patronage de la revue néonazie française Nouvelle École.
Aujourd’hui, Pearson continue de publier à Washington plusieurs revues, dont Mankind Quarterly, The Journal of Social, Political and Economic Studies et The Journal of Indo-European Studies ; il siège toujours au conseil d’administration de l’American Foreign Policy Institute.
Selon Joseph C. Goulden, “le brigadier-général Robert C. Richardson … a été chef d’état-major adjoint pour la science et la technologie au commandement de l’U.S. Air Force Systems, puis commandant sur le terrain de la Defense Atomic Support Agency à la base supersecrète Sandia (Nouveau Mexique). Lorsque Richardson a pris sa retraite en 1967, il est devenu consultant en matière de défense ; l’un de ses postes, qu’il devait occuper en 1973, était vice-président de la société Ed Wilson’s Consultant’s International.
Le général Richardson est aujourd’hui l’un des membres clés du Conseil de sécurité américain (CSA) et de la Coalition pour la paix par la force (CPTS) et est directeur exécutif de l’American Foreign Policy Institute dont Pearson, John Fisher, le général Lyman Lemnitzer, et le général Daniel 0. Graham est membre du conseil d’administration de sept membres.
M. Angleton est aujourd’hui président du Security and Intelligence Fund, dont le président est l’ancien ambassadeur Elbridge Durbrow (président de l’American Foreign Policy Institute) et dont le secrétaire-trésorier est Robert C. Richardson III. Jusqu’à son déménagement à la fin de 1984 au 1010 Vermont Avenue, N.W. à Washington, D.C., elle partageait ses bureaux avec l’ASC et le CPTS. Les en-têtes de lettres des trois organisations montrent de nombreux chevauchements dans la composition de leurs membres.

Deux jours plus tard, alors que les militaires italiens organisaient des défilés massifs et que les gangs fascistes attaquaient les gauchistes dans les rues, C. L. Sulzberger a rapporté depuis Rome que l’Action catholique était armée, active et dure.

Les documents du département d’État citent Angleton comme étant fermement convaincu que Gedda peut être utilisé efficacement pour promouvoir nos intérêts en Italie dans les domaines politique, social et du travail, et que les comités civiques devaient recevoir des fonds de la CIA. Le pape aurait rencontré Gedda trois fois au cours du mois qui a suivi les élections.

Le baron Luigi Parrilli est l’un de ceux qui auraient été impliqués dans l’ingérence lors des élections du 18 avril. Parrilli, fils d’un amiral italien, qui aurait travaillé pour la firme américaine Kelvinator avant la guerre, était fasciste et avait des intérêts industriels importants en Italie. Il a été fait Chevalier de Malte le 7 décembre 1942 et, au début de 1945, il avait d’excellents contacts avec les officiers allemands de Schutzstaffel (SS : garde d’élite) et de Sicherheitsdienst (SD : services secrets) du Nord de l’Italie. En avril 1945, il devint un représentant du général SS Karl Wolff auprès d’Allen Dulles et du général américain Lemnitzer pendant la période où ces deux derniers étaient impliqués dans des négociations privées pour recruter les meilleurs nazis avant la fin de la guerre. On dit que ParriIli avait aussi concocté un plan pour transporter des ex-nazis d’Allemagne au Paraguay. (Voir l’article de Peter Dale Scott dans ce numéro). [12]

En 1949, l’OSMCM publia un Rôle Général Officiel du Grand Magistère avec une préface de Pie XII qui se référait aux “anciens lauriers recueillis sur les champs de bataille” des guerres précédentes. Comme nous l’avons déjà mentionné, parmi seulement quatre bénéficiaires du Gran Croci al Merit con Placca de l’Ordre à l’époque était Reinhard Gehlen, le chef des renseignements d’Hitler sur le front de l’Est qui reçut cet honneur le 17 novembre 1948.

Une vue à travers la cour fortifiée des chevaliers de Malte sur la Via Condotti à Rome.
Une vue à travers la cour fortifiée des chevaliers de Malte sur la Via Condotti à Rome.


À ce moment-là, le frère de Reinhard Gehlen avait déjà été à Rome comme secrétaire de Thun Hohenstein. Pour Reinhard, qui négociait avec les États-Unis pour la préservation de ses collègues nazis, Thun Hohenstein était président de l’une des organisations caritatives de l’OSMCM, l’Institute for Associated Emigrations, et avait fait imprimer deux mille passeports de l’OSMCM pour les réfugiés politiques.

Thun Hohenstein était également lié aux principaux Chevaliers allemands de l’OSMCM, et à un moment crucial d’une controverse interne à l’OSMCM après la guerre, il avait reçu le soutien actif du Prince Frédéric von Hohenzollern-Sigmaringen, Président honoraire de l’Association silésienne de l’Ordre, le chef des Hohenzollerns catholiques, dont plusieurs membres étaient Chevaliers de l’OSMCM. Les Chevaliers de Silésie, dirigés par leur Président, le Prince von Hartzfeld et le Graf Henckel von Donnersmark, entretenaient un camp de réfugiés à Ulm qui, en 1951 seulement, avait accueilli 134.000 réfugiés de l’Est. [13]

Entre-temps, les associations polonaise et hongroise de l’OSMCM s’étaient également déplacées en toute sécurité vers l’Ouest.

En 1950, l’American Committee for Liberation from Bolshevism a été créé. Les administrateurs comprenaient J. Peter Grace, Charles Edison, William Henry Chamberlain, H. J. Heinz II, Isaac Don Levine et Eugene Lyons. Le Comité (aujourd’hui Radio Liberty), sous la direction de Frank Wisner de la CIA, a financé de nombreux “instituts de recherche” émigrés qui, selon John Loftus, n’étaient “guère plus que des groupes de façade pour les anciens officiers de renseignement nazis”. [14]

Ce document montre l'honneur que l'OSMCM a fait à Reinhard Gehlen, chef des renseignements d'Hitler, et à l'amiral américain Ellery W. Stone.
Ce document montre l’honneur que l’OSMCM a fait à Reinhard Gehlen, chef des renseignements d’Hitler, et à l’amiral américain Ellery W. Stone.


En 1953, la fanatique catholique Clare Boothe Luce devint ambassadrice des États-Unis à Rome et fut nommée Dame de Malte en 1956.
En 1954, avec le soutien du Cardinal Spellman et les machinations du Général Edward G. Lansdale, le catholique Ngo Dinh Diem devient Premier Ministre du Sud Vietnam. Commentant les événements survenus en Hongrie en 1956, deux journalistes soviétiques ont écrit :

… Nous avons parlé avec le comte Karoly Khuen Hedervary [qui] porte une grande responsabilité pour les crimes que les fascistes avaient commis en Europe [mais il] n’a pas été jugé comme criminel de guerre après 1945… Après le retour de Mindzenty à Budapest lors des événements contre-révolutionnaires, Karoly Khuen Hedervary profite de son amitié de longue date avec le cardinal pour rencontrer Mindzenty à plusieurs reprises, au cours desquelles il reçoit des instructions pour l’organisation [mise en place par Geza Bornemisza, ancien ministre fasciste de l’industrie]. Hedervary a également servi d’agent de liaison de l’organisation et du duc du Lichtenstein, qui est venu officiellement à Budapest pendant les événements d’octobre en qualité de représentant de la Croix-Rouge internationale, mais aussi en qualité de représentant de l’Ordre souverain militaire de Malte qui avait contribué activement à promouvoir la contre-révolution en Hongrie. [15]

En novembre 1961, le président Kennedy [16] nomme John McCone au poste de directeur de la CIA. En 1963, quand il devint clair que Diem ne pouvait plus rester au pouvoir au Sud Vietnam, McCone supervisa son assassinat malheureusement nécessaire. McCone est membre de l’OSMCM dans la liste de 1980. [17]
Avec McCone à la tête de la CIA et Angleton comme chef du contre-espionnage, un autre chevalier de Malte de renommée fasciste, le général italien Giovani De Lorenzo, chef des services secrets (alors connu sous le nom de Sifar) et chef des carabiniers en 1962, organisa une tentative de coup fasciste le 14 juillet 1964 (le Plan Solo) et devint par la suite un député du parti fasciste MSI. [18]

Six ans et demi plus tard, dans la nuit du 7 décembre 1970, le prince Borghèse avec l’appui d’Angleton donne l’ordre à Stefano delle Chiaie de s’emparer du ministère de l’Intérieur à Rome avec 50 autres néonazis. (Voir “Une carrière de tueur” dans ce numéro et “Le réseau fasciste”, dans CAIB, numéro 22). Ce complot pour déclencher un coup d’État fasciste a été annulé à la dernière minute, et Borghese et son protégé néonazi delle Chiaie se sont enfuis en Espagne où l’ancien commando SS Skorzeny, attendait parmi d’autres. [19]

l’OSMCM et P-2

La franc-maçonnerie prétend généralement être hostile au catholicisme, et inversement, le Vatican a en plusieurs occasions interdit aux catholiques de rejoindre les organisations maçonniques. Néanmoins, en décembre 1969, une réunion exclusive a eu lieu dans le bureau de Rome du Comte Umberto Ortolani, Ambassadeur de l’Ordre de Malte en Uruguay, qui a été appelé “le cerveau” derrière la Loge maçonnique fasciste P-2, qui avait été créée au milieu des années 60. [20] Outre Ortolani, seuls Licio Gelli, Roberto Calvi et Michele Sindona ont participé à la réunion [21]. Gelli s’était battu pour Franco (qui était lui-même Bailli Grand-Croix de l’OSMCM) avec les troupes de Mussolini pendant la guerre civile espagnole. Il était un fasciste engagé pendant la Seconde Guerre mondiale et à la fin de la guerre était recherché par les partisans pour sa collaboration avec les nazis. Après la guerre, il a développé des intérêts considérables en Amérique latine où il est devenu un ami proche du dictateur argentin Juan Peron ; il a également été le Grand Maître de la loge P-2 [22].

Calvi avait combattu sur le front de l’Est pendant la guerre et a été décoré par les Nazis. Au moment de la réunion de 1969, il était cadre supérieur à la Banco Ambrosiano. Sindona s’était installée en 1943 avec l’aide de Vito Genovese, dont les contacts avec la mafia avaient facilité le débarquement américain en Sicile. En 1948, Sindona avait reçu une lettre d’introduction à l’agent de renseignement Montini du Vatican. Selon Larry Gurwin, “The Calvi Affair” :

L’un des premiers pas de Sindona dans la culture de l’argent du Vatican s’est produit à la fin des années 1950 quand, par l’intermédiaire d’un prêtre, il a rencontré le prince Massimo Spada, un noble du Vatican et le laïc supérieur à l’IOR. Massimo Spada était devenu Chevalier de Malte le 21 septembre 1944. L’IOR, l’Istituto per le Opere di Religione (Institut pour les œuvres religieuses), généralement connu sous le nom de Banque du Vatican, a été créé en 1942 par Pie XII]. En même temps, il entretient son amitié avec Giovanni Montini, devenu cardinal-archevêque de Milan en 1954.

En 1959, Montini avait besoin d’une grosse somme d’argent pour une maison de retraite, et il s’est tourné vers Sindona pour obtenir de l’aide. Sindona aurait recueilli 2 millions de dollars en une seule journée. En 1960, Sindona a acheté une petite banque milanaise appelée Banca Privata et, grâce à ses amis du Vatican, elle a rapidement commencé à recevoir des dépôts de l’IOR. Trois ans plus tard, Montini fut élu pape Paul VI et les liens du Vatican avec Sindona étaient inébranlables. [23]

Le journal italien L’Espresso du 28 juin 1981 indique que des membres de haut rang des services de renseignements militaires italiens étaient à la fois des chevaliers de l’OSMCM et des membres de P-2. La liste des doubles membres comprenait le général Santovito, ancien chef du SISMI, l’amiral Giovanni Torrisi, chef de l’état-major général de l’armée, et le général Giovanni Allavena, chef du service de renseignement (alors Sifar, qui a ensuite été scindé en SISDE et SISMI).

La conclusion de l’affaire est généralement connue. Quand, en 1983, le Vatican a finalement été contraint d’établir une commission “indépendante” pour étudier la relation entre son IOR (depuis 1970 et toujours dirigée par l’évêque de Chicago Paul Marcinkus) et les fascistes criminels P-2/Banco Ambrosiano, deux des trois membres sélectionnés étaient Hermann Abs et Joseph Brennan.

Mgr Paul Marcinkus
Mgr Paul Marcinkus


Abs, qui figure dans presque tous les livres sur le Troisième Reich et les procès de Nuremberg, fut le trésorier d’Hitler, en tant que président de la Deutsche Bank de 1940 à 1945, et fut membre du conseil de I.G. Farben. Après la guerre, il a repris la présidence des conseils d’administration des deux sociétés, même si, en Yougoslavie, il avait été condamné par contumace pour crimes de guerre. En 1953, il reçut la Grande Croix du Service Fédéral pour ses services dans la restauration de la puissance financière de l’Allemagne de l’Ouest ; et en 1960, il fut décoré par Franco pour ses “services” à l’Espagne fasciste. [24]

Le choix de Abs pour la commission d’enquête du Vatican était si scandaleux qu’à la demande de Charles Higham, le Centre Wiesenthal a publié un paquet spécial de documents montrant clairement l’implication de Abs dans des crimes de guerre et a protesté publiquement devant le Vatican, sans succès. Joseph Brennan est président du comité exécutif de la Emigrant Savings Bank of New York et chevalier de Malte.

OSMCM, Amériques et Amérique centrale

Tout comme World Medical Relief et Refugee Relief International sont des façades pour des rédacteurs du magazine Soldier of Fortune qui vénèrent la Waffen-SS, l’OSMCM se présente - à ceux qui croient encore à la petite souris - comme une organisation “charitable” très concernée par la souffrance des pauvres et des malades dans le monde.

Le New York Times du 13 août 1985 rapportait que le Nicaraguan Freedom Fund (NFF), l’un des nombreux groupes de façade de l’Église de l’unification du Révérend Sun Myung Moon, avait versé 350 000 $ à la Fondation Americares du Connecticut. [25] Clare Boothe Luce, une Dame de l’OSMCM, fait partie du conseil d’administration du Washington Times de Moon et est directrice de la NFF avec William Simon, son collègue de l’OSMCM.

J. Peter Grace est le président du conseil consultatif de Americares, composé de six membres, dont le chevalier William Simon et le frère de l’ancien directeur de la CIA George Bush, Prescott Bush, Jr.

La “Fact Sheet” publiée par Americares récite des projets spécifiques :

Envois médicaux au Salvador : Depuis novembre 1983, AMERICARES a expédié près de 700 000 livres de médicaments et de fournitures d’une valeur de plus de 8 millions de dollars en 15 expéditions maritimes, la distribution locale étant assurée par l’Ordre souverain militaire des chevaliers de Malte (OSMCM).
Guatemala : En réponse à une demande d’aide de l’Ordre des Chevaliers de Malte, 10 envois maritimes de fournitures médicales d’une valeur de plus de 4 millions de dollars ont été envoyés au peuple du Guatemala depuis janvier 1984.
Honduras : Depuis août 1984, trois envois maritimes de fournitures médicales hautement prioritaires d’une valeur de plus d’un million de dollars ont été envoyés au peuple hondurien en réponse à une demande d’aide de l’Ordre des Chevaliers de Malte
Brésil, octobre 1984 : Une cargaison de vitamines d’une valeur de 156 075 $ a été envoyée au Brésil, toujours en réponse à une demande de l’Ordre des Chevaliers de Malte (OSMCM) qui est notre destinataire en Amérique centrale et du Sud.

La “Fiche d’information” traite également d’une “ramification” d’Americares appelée “Médecins de tous les peuples”, dont on dit qu’elle est “consacrée à l’éradication de la lèpre dans les Amériques”. La lèpre est le “projet caritatif” international le plus médiatisé de l’OSMCM.

Le Washington Post du 27 décembre 1984 rapportait ce qui suit :

Une organisation humanitaire privée, la Fondation Americares, en collaboration avec l’Ordre des Chevaliers de Malte, a versé plus de 14 millions de dollars d’aide médicale au Salvador, au Honduras et au Guatemala au cours des deux dernières années…
Selon un responsable des Chevaliers de Malte au Honduras, une partie de l’aide de 680 000 dollars destinée au Honduras est allée aux Indiens Miskito liés aux rebelles soutenus par les États-Unis qui combattent le gouvernement de gauche au Nicaragua.
Une grande partie des 3,4 millions de dollars de l’aide médicale américaine au Guatemala a été distribuée par l’intermédiaire des forces armées dans le cadre de son programme de réinstallation de ” villages modèles ” visant à vaincre les insurgés de gauche, a déclaré l’homme d’affaires officiel Roberto Alejos.
Alejos, co-président des Chevaliers de Malte au Honduras [a dit], … l’armée guatémaltèque livre des médicaments américains aux gens dans les villages modèles, qui sont le long de la frontière mexicaine.
Alejos, un important producteur de sucre et de café, a prêté ses terres guatémaltèques à la Central Intelligence Agency en 1960 pour former des Cubains à l’invasion de la Baie des Cochons.
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi les Chevaliers de Malte se sont tournés vers Americares plutôt que vers des groupes d’aide établis, tels que la Croix-Rouge, Grace a répondu : “Les Chevaliers font cela depuis 900 ans. Ils ont leur propre croix [la croix de Malte]. Ils se considérent bien au-delà de la Croix-Rouge.” …
Au moins un groupe pro-gouvernemental, l’Air Commando Association de Fort Walton Beach, en Floride, affirme avoir utilisé des entrepôts des Chevaliers de Malte au Salvador. Le général à la retraite H. C. Aderholt, chef du groupe de 1 500 membres, [a déclaré] que les commandos livraient de la nourriture et des médicaments aux installations des Chevaliers et qu’ensemble ils “reçoivent un bon soutien du commandant des forces aériennes du Salvador”.
M. Aderholt a indiqué que l’association avait distribué à El Salvador 4,5 millions de dollars en nourriture et médicaments fournis par le Christian Broadcasting Network et World Medical Relief. Il a dit que les libéraux au Congrès ont essayé de “lier leurs activités à un plan sinistre en complicité de la CIA” [sic], ce qui est incorrect, a-t-il déclaré.

Si l’article du Post mentionne que le directeur de la CIA William Casey est un membre de l’OSMCM, il omet de préciser qu’Aderholt est le rédacteur en chef contributeur des “opérations non conventionnelles” de Soldier of Fortune et était membre du “Singlaub Panel” du Pentagone, créé pour élaborer de nouvelles stratégies anti-insurrectionnelles dans les pays en développement. Russ Bellant, dans le Detroit Metro Times du 9 octobre 1985, indique qu’Aderholt a affirmé que le Christian Broadcasting Network de Pat Robertson avait donné 2 millions de dollars aux Chevaliers de Malte pour leurs opérations en Amérique centrale.

Conclusion

Depuis de nombreuses années, des groupes progressistes aux États-Unis et ailleurs se sont engagés dans des recherches approfondies sur des organisations publiques et privées dites “laïques”, telles que la CIA, la NSC, l’armée, les sociétés privées et les fondations.

Cet article souligne l’importance opérationnelle des membres de l’Ordre Souverain Militaire des Chevaliers de Malte, qui, à la différence des entités corporatives, gouvernementales et des fondations traditionnelles, n’a pas encore fait l’objet d’un examen approfondi par les chercheurs progressistes. Curieusement, les chercheurs européens ont pratiquement ignoré les Ordres de chevalerie dans l’analyse du rôle structurel de leur propre aristocratie dans l’organisation du soutien à la réaction internationale et au terrorisme fasciste.

La recherche sur le rôle actuel de l’OSMCM et de ses membres individuels ne fait que commencer. Le problème le plus grave est la pénurie de documents disponibles, en raison de l’extrême confidentialité de l’organisation. Mis à part quelques références éparses dans divers livres, magazines et journaux, et quelques histoires romancées sur les gloires anciennes de l’Ordre, la quantité nécessaire de documents n’a pas encore fait surface, et ce récit ne représente qu’un point de départ pour de nouvelles recherches [26].

Aux États-Unis, par exemple, bien que la liste des membres de 1980 ait été publiée (National Catholic Reporter, 14 octobre 1983), depuis lors, l’Ordre aux États-Unis s’est développé et a été divisé en une association de l’Est, du Sud (basée à Washington) et de l’Ouest. La liste publiée en 1980 comprend principalement des membres du Nord-Est. Bien que d’autres soient connues, des listes complètes et à jour des membres dans d’autres régions sont évidemment cruciales. Des listes pour d’autres pays seraient également utiles. Dans son numéro de l’hiver 1983, “La CIA et la religion”, et dans son numéro du printemps 1985, “Déconnecter la connexion bulgare”, le CAIB a commencé à explorer le rôle opérationnel de certaines organisations religieuses, ou non séculières, comme l’Opus Dei [27] et la loge maçonnique fasciste P-2 dans les opérations de renseignement occidentales et dans la promotion des plans de l’impérialisme.

Le récent scandale P-2 en Italie et de nouvelles preuves de l’importance de divers anciens ordres de chevalerie (en particulier l’OSMCM) indiquent qu’il est nécessaire de poursuivre les recherches sur ces structures “parapolitiques” non séculières supplémentaires pour comprendre leur rôle en tant qu’organisations indépendantes et pour mieux comprendre les alignements de factions au sein des organisations qui ont déjà été examinées.

Comme dans le cas des organisations “laïques”, les rivalités entre ces organisations “non laïques” se déroulent dans un environnement d’affiliations sélectives et interdépendantes qui incluent également des structures laïques. La façon dont les politiques concurrentes et la loyauté de ces structures non laïques influencent les membres dans leur rôle séculier nécessite des recherches approfondies.

Références

[1] Voir en général, Clarence G. Lasby, “Project Paperclip” (New York : Atheneum, 1975). Grace avait également été présidente du Radio Free Europe Radio Liberty Fund, un front de la CIA infesté de collaborateurs nazis, et de l’American Institute for Free Labor Development (AIFLD), un autre organisme financé par la CIA. Le président du comité exécutif de W. R. Grace, Felix Larkin, est également de l’OSMCM. Le chancelier de l’Ordre, John D. J. Moore, a été administrateur de la compagnie Grace jusqu’en 1982 au moins, après avoir été au service de la compagnie depuis 1946, gérant ses opérations péruviennes de 1947 à 1950. De 1969 à 1975, M. Moore a été ambassadeur des États-Unis en Irlande. Voir encadré sur J. Peter Grace.

[2] Roger Peyrefitte, “Knights of Malta” (New York : Criterion Books, 1959), p. 137.

[3] Voir le reportage illustré sur l’OSMCM dans “Town and Country”, avril 1984, p. 194 et suiv.

[4]Point de Vue”, 23 septembre 1983.

[5] Sir Edwin King and Sir Harry Luke, The Knights of St. John in the British Realm, 2d ed. (London: St. John’s Gate, 1967).

[6] Ibid, pp. 103-105. Par la suite, en Angleterre, au XIXe siècle, chaque monarque ayant l’autorité de créer l’ordre de son choix, la reine Victoria a proclamé, avec l’Association britannique de l’OSMCM basée à Rome, un ordre principalement anglican appelé “Ordre très Vénérable de l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem” sous les auspices de la couronne britannique. Le 26 novembre 1963, l’Ordre Vénérable et la British Association de l’OSMCM ont signé un traité de reconnaissance et de respect mutuels qui peut être vu à la Bibliothèque de l’Ordre Vénérable à Londres. L’OSMCM continue de considérer l’Ordre Vénérable avec un certain mépris amusé ; bien que les chevaliers de l’OSMCM soient membres des plus hauts niveaux de l’Ordre Vénérable, il ne semble pas y avoir de membres anglicans de l’Ordre Vénérable dans la British Association de l’OSMCM.

[7] Charles Higham, Trading With the Enemy: An Exploration of the Nazi American Money Plot, 1933-1949 (New York: Delacorte, 1983), pp. 20-31

[8] Anthony Cave Brown, Wild Bill Donovan, The Last Hero (New York: Times Books, 1982), pp. 683, 684.

[9] Frédéric Laurent, L’Orchestre Noir (Paris : Editions Stock, 1978), p. 29 ; voir aussi Charles Allen, “The Vatican and the Nazis” dans Reform Judaism, Spring/Summer and Fall 1983 ; et Saul Friedlander, Pius XII and the Third Reich (New York : Knopf, 1966).

[10] Stuart Christie, Stefano delle Chiaie, Portrait of a Black Terrorist (Londres : Anarchy Magazine, 1984), p.6 Un membre de la famille, S.E. Don Giangiacomo, Principe Borghese, était grand-croix d’honneur et de dévotion de l’OSMCM depuis le 4 juin 1932. Le livre de Christie comprend une photo de Borghese conduit par un officier SS non identifié en 1944, avec la légende : “Borghese était alors [1944] à la tête de’XMAS’ (Decima MAS), un corps de 4.000 hommes des forces spéciales fondé en 1941. Borghese prit le commandement après l’armistice italien et XMAS fut officiellement reconnu par le Haut Commandement Nazi le 14 septembre 1943. Sous sa direction, XMAS a été responsable de la torture et du massacre de partisans italiens. Ibid, p. 7 ; voir aussi Laurent, op. cit. n. 9.

[11] Documents déclassifiés du 17 mai 1948 et du 11 octobre 1948. Gedda est membre du Comité de Patronage de la Nouvelle-Ecole néo-nazie française en avril 1982 avec Robert Gayre. Gedda a également siégé au conseil consultatif de Gayre and Pearson’s Mankind Quarterly depuis au moins le milieu des années 1960 jusqu’en 1979.

[12] R. Harris Smith, OSS, The Secret History of America’s First Central Intelligence Agency, Berkeley, University of California Press, 1972, p. 114 ; et Bradley F. Smith et Elena Agarossi, Operation Sunrise, New York, Basic Books, 1979. Voir l’article de Peter Dale Scott dans ce numéro.

[13] Voir Peyrefitte, op. cit. n. 2, p. 172, 173, 214.

[14] John Loftus, The Belarus Secret, sous la direction de Nathan Miller (New York : Knopf, 1982), pp. 106-107, 178.

[15] A. Belokon et V. Tolstikov, The Truth About Hungary (Moscou : Foreign Languages Publishing House, 1957), p. 58-61 ; Mary Bancroft dans Autobiography of a Spy (New York : Wm. Mon - ow, 1983), p. 260, rapporte que vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale, “un contingent de Russes blancs, qui avaient combattu dans l’armée allemande, avait récemment franchi la frontière liechtensteinoise et y avaient obtenu l’asile”.

[16] Le père du président, Joseph Kennedy, qui est devenu Chevalier de l’OSMCM le 13 mars 1945, avait été révoqué de sa fonction d’ambassadeur des États-Unis à Londres lorsque ses sympathies pour le troisième Reich ont été connues. Voir, par exemple, Higham, op. cit. n. 7, p. 181.

[17] M. McCone, qui occupait un poste de cadre supérieur chez ITT, devait plus tard jouer un rôle clé dans le renversement du gouvernement Allende en 1973. Au moment du coup d’État, J. Peter Grace était président de l’AIFLD et administrateur de la First National City Bank et de Kennecott Copper Co. qui ont tous joué un rôle dans le coup fasciste. (Voir Fred Hirsch et Richard Fletcher, CIA and the Labor Movement (Londres : Spokesman Books, 1977), p. 16 et suiv. et le rapport de la NACLA “Amazing Grace : The W. R. Grace Corporation” vol.X, no.3, mars 1976). Anthony Navarro, vice-président principal de W. R. Grace Company, qui avait auparavant participé à la lutte armée contre le gouvernement Castro à Cuba, a récemment été nommé au Comité consultatif de Radio Marti ; le président du Conseil consultatif présidentiel sur la radiodiffusion à Cuba, Jorge Mas Canosa, selon le New York Times du 5 août, 1984, est un homme d’affaires cubain à Miami, qui a participé à l’invasion de Cuba par la Baie des Cochons en 1961 et a été commentateur sur Radio Swan, une station anti-Castro qui était exploitée par la CIA.

[18] Voir, Laurent, op. cit. n. 9 ; et Christie, op. cit. n. 10.

[19] Voir Christie, op. cit. n. 10 ; et Laurent, op. cit. n. 9.

[20] Journal de Genève, 11 novembre 1981.

[21] Larry Gurwin, The Calvi Affair (London: Pan Books, 1984), p.15.

[22] Gelli avait affrété l’avion qui avait ramené Peron en Argentine en 1972 et était un invité d’honneur lors de son inauguration ; peu après, Lopez Rega, ministre des Affaires sociales de Peron, qui dirigeait les escadrons de la mort argentins et qui était astrologue et mystique, rejoignit P-2.

[23] Gurvvin, op. cit. n. 21, p. 11, 12. Voir aussi David A. Yallup, In God’s Name : An Investigation into the Murder of Pope John Paul I (New York : Bantam, 1984)

[24] Yallup, op. cit. n. 23, p. 323 ; National Council of the National Front of Democratic Germany, Brown Book : La guerre et les criminels nazis en Allemagne de l’Ouest (Berlin : Centre de documentation de l’Administration des Archives d’État de la République démocratique allemande, n.d. [c. 1966]), p. 39.

[25] Voir aussi, Washington Post, 9 mai 1985, p. 34.

[26] Les lecteurs intéressés sont également invités à se référer aux articles de Martin Lee sur l’OSMCM parus dans le National Catholic Reporter du 14 octobre 1983 (le numéro qui comprenait la liste complète des membres américains de 1980), et Mother Jones de juillet 1983. (Ces deux articles ont servi de base aux références à l’OSMCM dans Gordon Thomas et Max Morgan-Witts The Year of Armageddon (Londres : Granada Publishing Ltd, 1984). Une intéressante discussion sur l’histoire de l’OSMCM de l’après-guerre, basée sur un récit des tentatives de la droite centrée sur le Vatican de 1949-1953 pour restreindre la souveraineté de l’Ordre, est celle de l’auteur français conservateur Roger Peyrefitte, publié par Flammarion en 1957, et traduit en anglais et publié à New York par Criterion Books en 1959. King et Luke, The Knights of St. John in the British Realm, op. cit. n. 6, est utile bien qu’il tente d’élever la création de l’Ordre Vénérable par la Reine Victoria à un statut équivalent à celui de l’OSMCM. Le journal italien L’Espresso du 28 juin 1981 a publié un article d’Alessandre de Feo sur la connexion OSMCM-P-2. La revue française de droite Historia a publié en 1980 un numéro spécial sur divers ordres de chevalerie, dont l’OSMCM. Il y a aussi en français le remarquable Souvenirs et réflexions d’Yves Marsaudon, ancien ministre de l’OSMCM en France, qui était aussi l’un des membres les plus haut placés du rite écossais de la franc-maçonnerie dans le pays (Paris : Editions Vitiano, 20 Rue Chauchat, 75009 Paris, 1976).

[27] Francis X. Stankard, Chevalier de l’OSMCM et Directeur général de la Division internationale de la Chase Manhattan Bank a animé des “Soirées de conversation” au siège de l’Opus Dei au Riverside Study Center, 330 Riverside Drive, New York City. William Simon et Frank Shakespeare (aujourd’hui ambassadeur au Portugal), tous deux administrateurs de la Heritage Foundation, dont Shakespeare était président du conseil d’administration, ont également participé à ces séances. Evenings of Conversation, un fascicule distribué en 1984 par le Riverside Study Center. La reconnaissance de l’importance de l’Opus Dei aux plus hauts niveaux de l’OSMCM avait déjà été établie au cours de l’été 1976 lorsque le roi Juan-Carlos, lui-même Chevalier de Malte, choisit Adolfo Suarez, membre de l’Opus Dei, comme nouveau chef du gouvernement après la mort de Franco. (Point de Vue, 14 janvier 1983 ; Paris.) Sur l’Opus Dei, voir aussi, New Statesman, 1er mars 1985, p. 20, 21 ; London Times, 12 janvier 1981 ; Le Monde, 25 août et 28 septembre 1982 ; National Catholic Reporter, 10 septembre et 12 novembre 1982 ; Financial Times, 11 novembre 1983 ; New York Times Magazine, 8 janvier 1984 ; Time magazine, 11 juin 1984, p.74 ; New Times (Moscou), n° 13, 1982, p.27 ; Wall Street Journal, 30 décembre 1982.




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